Les ouvrages fortifiés de l'Authion (Face à l'imprévu)

Publié le 9 novembre 2025 à 22:56

Après le rattachement du comté de Nice à la France en 1860, l’Authion devient un secteur stratégique contrôlant la nouvelle frontière franco-italienne. A la fin du XIXe siècle, les relations entre la France et l’Italie se dégradent, et les autorités militaires françaises décident de fortifier le massif. Les forts de la Forca, des Mille Fourches et la Redoute de la pointe des 3 communes sont construits entre 1883 et 1890. Ce dispositif élaboré par le Général Séré de Rivières, surnommé le Vauban du XIXe siècle, est complété par le camp de cabanes vieilles pour loger les chasseurs alpins.

Après l’arrivée de Mussolini au pouvoir, le ministre de la Guerre André Maginot, lance un programme de modernisation des fortifications de la frontière (1930) notamment à Plan Caval. Les fortifications de l’Authion stoppent l’offensive italienne en 1940. Suite au Débarquement des Alliés sur le littoral méditerranéen en août 1944, les troupes allemandes se replient et s’emparent du massif de l’Authion. Le 12 avril 1945, l’Authion est aux mains des Alliés. On assiste alors au spectacle insolite d’un char conduit par des fusiliers marins s’emparant d’une Redoute à plus de 2000 mètres d’altitude !


Mes photos:

 

Caractéristique de ma randonnée:

Date: 8 novembre 2025

Commune: La Bollène-Vésubie (06)

Parcours: 10,170 km

Durée totale: 5 h 05

Dénivelé positif: 491 m

Point haut: 2080 m

Point bas: 1796 m

Retour au point de départ: Oui

Niveau de difficulté: Moyenne

Recommandations:

Rien de spécial, mise à pars qu'entre le point 6 et 7 sur la carte (visible via le lien Visorando ci-dessous), c'est raide et hors sentier. Je n'y suis pas passer, car je pouvais glisser sur la neige et dévaler la pente. Je n'ai pas pris de risque.


Découvrez le récit captivant de ma randonnée :

 

Un long week-end en famille se profilait dans les Alpes-Maritimes. Nous allions nous retrouver tous ensemble, perchés dans un hameau isolé où la nature reprend ses droits et où le silence en dit long. Mais avant de monter là-haut, j’avais une idée bien précise en tête…

Quelques jours plus tôt, j’étais tombé sur une vidéo TikTok : un lieu chargé d’histoire, mystérieux et perdu dans les montagnes… le fort de l’Authion. Les images défilaient encore dans mon esprit : nuages rasants, vestiges militaires, panoramas vertigineux… C’était décidé : cette fois, j’irais le découvrir de mes propres yeux.

Après trois heures de route, j’arrivai enfin au départ de la randonnée. Le moteur encore chaud, je sortis de la voiture, prêt à me lancer à l’assaut de ce géant de pierre. Mais c’est là que l’imprévu frappa.

Un panneau. Un avertissement. Et une légère boule au ventre qui se forma aussitôt.

Est-ce que je tente la randonnée malgré tout, après cette longue route ? Ou bien est-ce que je rebrousse chemin, en acceptant la déception d’un plan contrarié ?

Le cœur battant, je n’avais pas de temps à perdre.
La décision fut prise… rapidement.


9h42:

La décision est prise : je tente le tout pour le tout ! Pas question de repartir sans avoir vu ces fameuses fortifications.

Le destin (aussi connu sous le nom de “météo pourrie”) a décidé de m’ajouter un petit défi : route barrée, neige partout… Et bim, +1,6 km au compteur pour atteindre le point de départ initial.

Mais c’est pas une petite congère qui va me stopper. Allez, let’s go !


9h49:

Un virage plus tard… et BAM !

La montagne que je dois gravir me saute littéralement à la vue.

Toute blanche… et probablement glissante comme une savonnette.

Je la regarde. Elle me regarde. On se jauge.
Je me demande comment cette rando va se dérouler : version “héros triomphant” ou “pingouin maladroit” ?

Suspense…


10:01:

Grâce à l’application PeakFinder, je peux désormais briller en société en listant les noms des sommets et leurs altitudes comme si j’avais fait géographie option “alpiniste” :

“Lui là-bas, 2 078 m. Celui à côté, 2 045 m. Oui oui, je savais… merci PeakFinder.”

Par contre, l’Authion… il a décidé de jouer à cache-cache. Il est derrière, donc sur la photo : absence totale de fortifications.
Ne vous inquiétez pas, je garde la cible en vue… enfin… façon de parler.


10h10:

Oui oui, je suis bel et bien dans le Parc du Mercantour !
Un parc que je connais tellement bien que les marmottes me disent bonjour et que les chamois me reconnaissent de loin (ou alors ils fuient, difficile à dire…).

Bref, terrain connu… enfin… à condition qu’il ne soit pas caché sous 3 tonnes de neige !


10h18:

C’est le moment fatidique.
Le genre de moment où l’on pourrait faire demi-tour…
Mais non, ce n’est pas le moment de tourner les talons, n’est-ce pas Michel C. ? 😄

Je respire un bon coup, j’avance… et je croise très fort les doigts pour aller jusqu’au bout de cette randonnée héroïco-glissante.

À suivre… suspense total…


10h18:

Mes premiers pas dans la neige : c’est ici et maintenant !
Je m’élance avec l’élégance d’un pingouin qui découvre le carrelage…
Ça glisse, ça crisse, et moi je prie pour que mes fesses ne fassent pas trop vite connaissance avec le sol.


10h20:

Je croise très fort les doigts pour ne pas glisser dès le départ…
Parce que oui, ici il n’y a pas beaucoup de neige. Ce serait quand même la honte de me vautrer là, alors que là-haut, c’est carrément Sibérie-sur-Montagne.

Bref : on reste digne, on reste debout… enfin on essaie !


10h36:

Je suis totalement émerveillé par ce paysage :
mi-automne, mi-hiver, 100 % magnifique 🍂❄️

Les couleurs flamboyantes se mélangent à la neige toute fraîche, le tout sous un ciel splendide…
La nature a décidé de sortir sa plus belle tenue, et moi je reste là, bouche bée, à admirer.


10h43:

La neige devient de plus en plus épaisse…
Heureusement, je marche dans les traces laissées par d’autres randonneurs — probablement des héros passés juste avant moi.

Ça m’aide à avancer… et pour l’instant, pas besoin de raquettes !
Profitons-en avant que ça ne tourne à l’expédition polaire.


10h56:

J’attendais ce moment avec une impatience presque enfantine…

Et enfin, le voilà. La neige étincelante, le ciel d’un bleu pur et le fort immense, là, au milieu de tout ça…

Je reste bouche bée, complètement émerveillé.

On dirait une carte postale qui a pris vie !

Maintenant, je meurs d’envie d’aller le voir de plus près… même si je sens que mes chaussures vont en pâtir. Mais franchement, ça vaut bien quelques pas dans la neige pour approcher cette beauté de près !


11h02:

J’arrive à la première intersection. C’est ici, à cet endroit précis, que je reviendrai après avoir exploré la quatrième fortification. L’adrénaline monte, de plus en plus vive, à chaque pas. Au loin, je distingue des randonneurs déjà au fort. Mon impatience grandit : j’ai hâte de les rejoindre.


11h09:

Me voilà devant la première ruine. Je me demande à quoi pouvait bien servir cette bâtisse autrefois, quels secrets elle a pu abriter. C’est ici que je rencontre une randonneuse et un randonneur. Nous échangeons quelques mots, papotons un instant, avant que nos chemins ne se séparent à nouveau. Je leur donne le nom de mon blog, en espérant qu’ils passeront y jeter un œil. Si c’est le cas, je leur adresse un chaleureux salut.


11h19:

C’est la dernière ligne droite avant d’atteindre le fort de la Redoute.

Mon pas s’accélère, poussé par l’envie irrépressible de voir le fort de près.

Chaque instant me rapproche un peu plus de ce blockhaus, et l’excitation monte, presque insoutenable, à l’idée de l’explorer enfin.


11h26:

J’arrive à une nouvelle intersection et, sur le panneau, je lis : « Vallée des merveilles ». Rien que le nom me fait rêver ! C’est un endroit que je n’ai pas encore exploré, et j’ai vraiment hâte d’y mettre les pieds… Dommage que le temps me joue des tours aujourd’hui, je devrai remettre la découverte à plus tard. Tant pis, la Vallée des merveilles devra patienter… mais je promets de revenir avec toute mon curiosité !


11h27:

J’y suis enfin — après cette montée, cette attente, ce regard posé vers l’horizon : me voilà devant la Redoute des Trois Communes. Mon objectif du jour est atteint. 
Son architecture m’impressionne — ce mélange de béton armé pionnier et de maçonneries traditionnelles, posé sur ce sommet à plus de 2 000 m d’altitude, voilà qui impose le respect : je suis ému de me trouver face à cet édifice historique.

Quelques infos pour en percevoir toute la portée :

  • Elle a été construite entre 1897 et 1899, sur l’emplacement d’une ancienne batterie sarde.

  • C’est l’un des tout premiers forts des Alpes‑Maritimes à utiliser le béton armé, mêlé à la pierre de taille — un véritable prototype de l’évolution des fortifications.

  • Située à 2 080 m d’altitude, au sommet du massif de l’Massif de l’Authion, elle domine les vallées de la Roya et de la Vésubie.

  • En avril 1945, dans le cadre de la reprise du massif par les forces alliées, cette redoute occupée par les Allemands fut attaquée et marquée par de violents combats.

Debout ici, je prends un moment : le silence de la montagne, le vent, les pierres — tout se combine pour faire de cet instant un mélange de fierté, d’humilité et de gratitude. Je respire profondément, je m’imprègne de cette atmosphère.

Aujourd’hui, j’ai atteint mon but. Demain, d’autres chemins s’ouvriront — mais pour l’heure, je reste ici, quelques instants, à savourer.


12h05:

Après avoir profité du fort, je commence ma descente par un sentier presque effacé par la neige.

Personne ne semble être passé depuis la dernière chute de neige : aucune trace, aucun pas à suivre. Je deviens le premier à ouvrir le chemin, avançant avec précaution.

Chaque pas demande de l’attention, car le moindre faux mouvement pourrait me faire glisser.

La prudence est de mise, mais la sensation d’explorer un sentier vierge dans ce paysage immaculé rend chaque pas encore plus excitant.


12h06:

J’arrive à une nouvelle fortification. Devant moi, le site se dévoile avec ses lignes austères et stratégiques. On distingue clairement les tranchées qui relient les blockhaus entre eux, permettant aux soldats de se déplacer en toute sécurité, à l’abri des regards. Chaque passage témoigne de l’ingéniosité militaire de l’époque. Nous sommes ici, au Plan Caval, un endroit chargé d’histoire et de secrets, où chaque pierre raconte la préparation et la vigilance des hommes qui ont défendu ces lieux.

En avançant sur le sentier, je tombe sur des traces dans la neige. Elles sont fraîches et nettes, laissant deviner le passage d’un animal. À en juger par leur taille et leur forme, ce sont certainement celles d’un chamois ou d’un bouquetin. Un petit rappel que je ne suis pas seul ici, et que la montagne continue de vivre à son rythme, loin de l’agitation humaine.


12h26:

Après cette visite, je descends davantage vers le point 5 de la carte Visorando. En analysant les informations, je remarque qu’il est indiqué de quitter le sentier pour prendre une montée très raide à travers la forêt de mélèzes. Mais faire du hors‑piste en pleine nature, en pleine ascension et avec autant de neige, c’est prendre un risque sérieux. Une seule glissade en pleine montée et c’est terminé.

Après réflexion, je décide donc de monter par la route. Cela signifie que je ne pourrai pas voir la troisième fortification, mais je préfère jouer la carte de la prudence. La sécurité prime sur la curiosité, et mieux vaut avancer sain et sauf pour profiter pleinement de la suite de l’aventure.


13h12:

Je tombe sur un panneau indiquant « Commune de Breuil/Roya ». Un petit rappel que ce soir, je vais passer le week-end au hameau de Roya — rien à voir avec l’endroit où je me trouve actuellement.

Sur le chemin, j’ai également croisé un bel oiseau, que je n’ai pas eu le temps de photographier : un Grand Corbeau. Il était si majestueux, si grand, que je suis resté un instant à l’admirer, fasciné par sa silhouette noire qui se découpait dans le ciel. Un de ces moments simples mais inoubliables que la montagne sait offrir.


13h15:

Pour aller visiter la quatrième fortification, c’est simple : il faut prendre le chemin qui… monte. Bien sûr. Évidemment. Pourquoi faire facile quand on peut faire vertical ?

Parce que le chemin de gauche, lui, c’est le traître : large, accueillant, qui mène tout droit à la voiture. La tentation incarnée. Le genre de chemin qui te murmure :

« Viens… tu as déjà bien marché… et puis la voiture, elle te manque, non ? »

Mais non ! Courage, volonté, honneur du randonneur ! Je tourne le dos à la facilité et j’attaque la montée. Allez, on y croit : direction la quatrième fortification !


13h37:

J’arrive enfin à cette nouvelle fortification. C’est ici que je mettrai un point final à ma vidéo TikTok du jour — et quel décor pour clôturer l’aventure ! Le paysage est magnifique, la montagne semble dominer le monde, et cette bâtisse renferme encore tant d’histoires.

Je me demande à quoi elle pouvait bien servir autrefois… Était-ce un poste d’observation ? Un abri pour les soldats ? Un maillon essentiel dans la défense de tout le massif ? Ces murs silencieux ne livrent leurs secrets qu’à ceux qui prennent le temps d’imaginer.

Un dernier regard vers la fortification… et je savoure pleinement cet instant avant de repartir.


13h51:

J’arrive au premier point de la carte Visorando. Il est temps… de dire au revoir au fort de la Redoute des Trois Communes.
Je me retourne une dernière fois vers lui. Là-haut, sur son promontoire enneigé, il continue de veiller, fier et silencieux, enveloppé dans son manteau blanc.

Quels souvenirs je garderai de cet endroit magique…
La beauté brute, la neige qui étouffe les bruits, la force de cette fortification qui a traversé les siècles, et l’émotion d’y être arrivé par mes propres pas.

Mais l’aventure n’est pas terminée.
Il est désormais l’heure d’entamer la descente, avec le cœur encore suspendu là-haut, dans le vent froid de la montagne.

Je m’éloigne, mais une partie de moi restera toujours à ses côtés.


13h56:

La descente commence… et comment dire ? Ça s’annonce glissant. Très glissant. Le genre de descente où l’on se demande si on marche vraiment… ou si on expérimente une nouvelle discipline olympique : le surf en chaussures de rando.

Heureusement pour moi, je n’aurai pas l’occasion d’admirer le sol d’un peu trop près — enfin j’espère ! Je préfère garder mon nez intact et mes fesses au sec.

Allez, en équilibre, façon pingouin motivé : c’est parti pour la descente !


14h11:

Les derniers mètres dans la neige se jouent ici. Encore quelques pas dans cette poudreuse qui ralentit, qui glisse, qui s’accroche aux chaussures. La route n’est plus très loin, je la devine juste en contrebas… mais la voiture, elle, se fait encore désirer.

Le retour se rapproche, mais l’aventure n’a pas tout à fait dit son dernier mot.


14h19:

Ça y est : retour sur la route !
Plus de glissades, plus de neige traîtresse, plus de cascades dignes d’un manchot sur skis. Ici, c’est le royaume du bitume : plus rien ne peut m’arriver… enfin normalement.

Il ne me reste plus que 1,6 km avant de retrouver ma voiture. Une simple promenade de santé, une formalité, un défilé de la victoire ! Allez, on bombe le torse et on marche comme si on avait conquis l’Everest.


14h37:

Ces arbres aux couleurs d’automne m’ont interpellé tout au long de la descente.

Leurs feuilles flamboyantes semblaient illuminer le chemin, comme un dernier cadeau avant l’hiver. Quelle belle couleur !
Un vrai tableau naturel, impossible à ignorer.


14h47:

J’arrive enfin au parking où m’attend ma voiture. C’est ici que la route est barrée… et c’est aussi ici que tout avait commencé. La boucle est bouclée.

Je peux être fier d’avoir pris la décision d’aller à la découverte de ces fortifications, d’avoir affronté la neige, les pentes raides et les chemins effacés. Quel voyage !

Maintenant, il est temps de sécher mes pieds, de reprendre un peu de chaleur, et de prendre la route en direction de la vallée de la Tinée. L’aventure du jour s’achève, mais d’autres attendent déjà, quelque part entre les montagnes.

 

Merci à vous d’avoir pris le temps de lire cet article jusqu’au bout.
Je suis vraiment fier d’avoir réalisé cette randonnée ici, même si, au départ, j’ai eu un petit doute avant de me lancer à la découverte du fort de la Redoute des Trois Communes.

Quelle belle découverte !
Des paysages grandioses, de l’histoire, de la neige, des rencontres, et beaucoup d’émotions…

J’espère que vous avez pris autant de plaisir à suivre mon aventure que moi à la vivre.
À très bientôt pour une nouvelle exploration !

 

FIN


Voici une vidéo de Tortilla le randonneur, au fort de l'Authion:


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